Les brumes se lèvent pour Benemir

Le renard glapît joyeusement, et tourna sur lui même avant de sauter dans un bosquet amusé et espiègle.

Mais de ce bosquet, contre un arbre, en sortit de derrière un homme grand de blanc vêtu.
L'homme se présenta de toute sa stature de guerrier devant le jeune Neveziad.

- Demat Neveziad Benemir. Je suis Terenemar Avendim, Hencher en ces lieux. Cette boule de poil rousse et mon compagnon. Il se nomme Vargach, cela veux dire guerrier en une ancienne langue.

Terenemar jaugea le jeune homme devant lui pour appréhender sa stature au combat. La boule rousse refit apparition derrière les jambes de son ami.

Benemir fut impressionné par la présence de l'homme : d'une stature guerrière, il avait suffisamment été discret pour pas qu'il ne le remarque. Alors que l'homme le dévisageait, il le regarda de la tête aux pieds, sourit au renard qui se cachait puis releva ses yeux vers l'homme. Et lui sourit

- Votre compagnon, vous dites ? J'ai été accompagné d'une renarde aussi. Maintenant, elle se fait plutôt louve...

Il regardait le guerrier avec amusement. Sans doute il ne savait pas de qui il parlait. Il se releva doucement, s'appuyant sur son bâton, dépliant sa carcasse de jeune homme ayant travaillé longtemps dans les champs, et dont le physique montrait l'ardeur qu'il y mettait.

- Demat, Hencher Avendim. Il ne doit pas y avoir de meilleur endroit pour se rencontrer... Mais de plus chaud, pour faire plus ample connaissance ? Nous pourrons toujours discuter en marchant. Il me tarde de connaître ce lieu sacré.

Terenemar écouta le jeune homme se lever de toute sa stature et tendit la main en direction du haut de la colline.
Il l'invita à gravir la colline.

- Je vous en prie mon jeune ami, prenons la route. Cela me fait plaisir de voir de nouvelle tête en ces lieux.

Il commença doucement à gravir le chemin, Vargach gambadait doucement dans le sous bois.

- Et qui vous à ouvert la voie mon jeune ami ?

Benemir suivît son hôte, dont le compagnon était désormais hors de vue.

- Qui m'a ouvert la voie ? Bien des réponses à cette question... J'ai moi même ouvert le début de ma voie, en ouvrant les yeux et en voulant apprendre et surtout, comprendre. Puis un hencher m'a pris sous son aile... Malheureusement, je n'ai aucun réel souvenir de lui. Je connais des choses que seul un druide peut m'avoir appris et je ne m'en souviens pas. Je me rappelle de mon réveil en Anjou, tenant à mes côtés ce bâton.

sur ces mots, il montra son bâton aux multiples entrelacs gravés dans le bois. Il semblait être solide et récent, malgré des traces d'usures. Les gravures étaient présentent uniquement en haut du bâton, qui présentait dans son ensemble une simplicité puissante.

Au début, je ne comprenais pas ce que j'étais. Et puis, certains souvenirs sont revenus en moi, me rappelant ma maison, ma ville, ma femme. C'est File Chimera qui m'a parlé de l'hypothèse du Hencher inconnu. C'est d'ailleurs elle qui m'a révélé cet endroit. Je ne désespère pas... Peut être qu'un jour, mon hencher reviendra, en attendant, je progresse par moi même, même si Chimera m'accompagne de temps à autres. Elle l'a un peu remplacé, en quelque sorte, bien qu'elle ait grand à faire avec ses autres neveziad...

Et vous, Hencher Terenemar, quelle est votre histoire ?

Terenemar écouta stoïquement Benemir raconter son histoire.

- Je suis désolé, mais je ne connais rien de "l'hencher inconnu". Je connais Dame Chimera par contre.

Un léger sentiment de nostalgie et de tristesse c'était échapper de sa voie

- Mon histoire ? Vous devez bien être la première personne qui me le demande autant que je me souvienne. Je n'ai pas pour habitude de parler de moi. Je suis née à Dijon, et j'ai quitté la maison de mes parents pour l'aventure. Et je me suis retrouvé à Rieux ou j'y est fait ma vie. Puis je me suis engagé dans l'armée, je suis monté en grade, j'ai fait la guerre et j'ai découvert le druidisme auprès de Dame Lusiana. J'ai étudié ici et je suis devenu Hencher. Voila en gros mon histoire.

Ils continuèrent à gravir la colline, et peu après ils commencèrent à voir la maison.

Le premier, dites vous ? Et bien, il faut toujours une première fois ! J'ai pour mauvaise habitude de vouloir connaître les gens... Dame Lusiana, je l'ai rencontré une fois, bien que ce fut uniquement sous le titre de Duchesse qu'elle m'a reçu. Une femme qui avait sans doute une grande connaissance, couplée avec un puissant caractère...
Vous êtes hencher, mais ne parlez point de votre Neveziad. Qui est il, ou elle ?

C'est à ce moment qu'il aperçut la maison, au loin. Toujours curieux, il ne laissa pas le temps à Terenemar de répondre et s'empressa de demander :

-Qu'est ce donc que cette bâtisse ? Est ce là le sanctuaire d'Etel ?

Terenemar s'arrêta pour présenter le lieux solennellement. Il s'énonça d'une voie clair et forte. Mélodieuse et pourtant si simple.

- Eh oui, bien venu à Etel Neveziad Benemir.

Il laissa un temps au jeune homme de s'imprégner du lieu et doucement, sans crié gare reprit sa marche solide et pourtant silencieuse vers la battisse.

- Et je n'ai pas de Neveziad jeune Benemir.

Benemir sourit.

- Nous voilà donc réunis, le Hencher sans Neveziad et le Neveziad sans hencher. Dana fait bien les choses, vous ne trouvez pas ?
Je recherche humblement un hencher, qui pourrait me guider sur la voie du Béléan...

Cette phrase se termina dans un silence, mêlé du recueillement et de l'espoir que renfermait ce site. A force de se rapprocher de la construction, il pu en distinguer les contours, les fenêtres, les entrées. Toujours à son recueillement et à sa curiosité de ce les lieux inconnus, il suivait Térénémar, prêt à user de ce guide jusqu'à ce que ce dernier se lasse.

Terenemar considéra Benemir un instant. Un Neveziad sans Hencher, et lui un Hencher sans Neveziad. Mais Terenemar ignorait s'il serait à la hauteur.

Terenemar doutait fortement de ses capacités. De plus l'inspiration l'avait depuis quelque temps abandonné.

- Je ne sais pas si je serais à la hauteur pour vous escorter et vous instruire sur cette voie jeune Benemir. Si vous le voulez, nous en demanderons conseil à Dame Chimera si présente elle se fait en ces lieux.

Benemir sourit, et son teint vira au pourpre, débutant du pâle que la saison lui infligeait, en passant par toutes les couleurs intermédiaires. Sa langue s'était déliée rapidement, et il avait imprudemment fait une demande lourde de conséquence... Sans doute avait il trop peu réfléchit avant de parler, mais il n'y avait pas de raison de le regretter désormais. Peut être Lugh lui même, de son bras si long, était venu chercher ces mots au fond de lui.

- Hencher Terenemar... N'ayez crainte pour mon apprentissage. Mon précédent hencher, qui a disparu sans laisser de traces, m'a beaucoup appris dans la voie béléane. Dame chimera me dit presque prêt à l'être, bien que j'ai encore quelques difficultés à la croire... Et je suis prêt à apprendre toute autre voie, car elles sont toutes trois amour de Nature et de ses enfants.

Terenemar s'arrêta à faible distance de la maisonnée avant de répondre simplement au jeune Benemir.

- Neveziad Benemir, avant de prendre tel décision, je vous conseille de pénétrer ces lieux, de vous familiarisez avec et de faire connaissance avec ceux qui y réside. Je ne puis vous donnez de réponse dans l'instant. Je pense que vous me comprendrez n'est-ce pas ?

Il tendit le bras pour laisser le jeune homme se joindre à la maison.

Benemir accepta l'invitation du Barde. Il entra dans la maison, bien plus sobre qu'il s'y attendait, en vérité. Le long bâtiment était simple, et était curieux de découvrir l'intérieur.

Pour répondre à la question de Terenemar, il sourit et répondit tout aussi simplement :

- Oh oui, je comprends ! Et je ne vous demandais pas de réponse, ni dans l'instant ni après... Les choses se feront comme elles doivent se faire. Avoir la charge d'un neveziad n'est pas chose aisée, et dans tous les cas je suis quelqu'un qui a pour habitude de suivre les "procédures" normales. Je continuerais à me former seul, jusqu'à ce qu'Ogma en décide autrement.

Terenemar se retourna lentement vers la rousse Dame qui venait de faire son entrée. D'une geste élégant il exécuta une gracieuse révérence.

- Demat Dame Chimera.

Benemir sourit à la nouvelle entrée. Enfin un visage familier, enfin quelque chose à quoi il s'attendait dans cette contrée ! Après le renard domestiqué, le hencher sans neveziad, le bâtiment simple mais spacieux, la voir était un soulagement.
Il fut cependant surpris par le ton pompeux et respectueux du barde. Alors que sa première envie était de serrer dans ses bras cette femme, il dut freiner son élan pour ne pas manquer de politesse, et juste s'exprima avec un grand sourire :

- Demat, Dame chimera ! Heureux de vous voir enfin !

Un très très fin sourire étira les lèvres de Terenemar, presque imperceptible.

- Il ya des choses qui ne changerons pas ainsi Dame Chimera.

Terenemar se retourna pour s'approcher de la cheminée et y déposé une bûche de bois dans celle-ci afin que le feu n'y meurt pas.

Alors qu'il s'adonnait à cette simple tâche le Renard se glissa doucement à l'intérieur et doucement sous les jupes de Chimera. Il se frotta allègrement contre ses mollets.

Le réconfort que les mots de Chimera lui avait immédiatement procuré n'était pas mince : il aurait été dur de l'appeler Dame, peut être encore plus de la vouvoyer. Cependant, le soldat et sa bienséance le fit hésiter... oui... non, bon, tant pis ! Il s'exécuta volontiers comme Chimera l'entendait : comme chez lui.

- Volontiers, Chim ! Bien besoin de ça pour se réchauffer ! tu nous suis depuis longtemps ? je ne t'ai point entendue...

il se défit de son manteau et l'accrocha à la patère, toujours avec un grand sourire, puis vînt se placer près du feu.

Terenemar jeta un regard à Vargach et celui-ci bailla doucement avant d'aller s'installer comme une grosse carpette rousse fatigué devant la cheminée. Il serait bien asser tôt pour retourner sous les jupes de Chimera se dit le Renard.

Terenemar repose son regard sur Chimera.

- Une tisane, avec plaisir Dame Chimera.

Terenemar ne retira pas de manteau car il en portait point. Seul son armure dépassait de sa grande toge blanche. Les chaines qui le parcourait avait au feux un aspect asser terrifiant et pourtant cela contrastait étrangement avec sa stature stoïque et son visage impassible.