[archives] Investiture Chacha: Conte au banquet

Barde Messages : 470 Date d'inscription : 13/10/2007

--Madeleine a écrit:: L'endroit qui avait été choisi pour installer le banquet d'investiture de la Duchesse Chacha de Guérande se trouvait non loin de Rennes. Une grande prairie encore verte allait accueillir tout le monde. Le bois n'était pas loin, il protègerait le peuple du vent.

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Un convoi de plusieurs charrettes apparu au loin. Il se rapprocha du lieu choisi. Des hommes commencèrent à décharger le tout, des tables, des chaises, des tréteaux, de la toile, un peu de tout pour préparer un banquet inoubliable. Un groupe d'hommes plus robustes que les autres commença à faire des trous et à y déposer d'énormes troncs. On pouvait commencer à voir ce que leur construction allait donner. Deux mâts plus grands que les autres étaient montés au centre. Les autres étaient dispersés en rond tout autour. Des femmes préparaient une grande toile que les hommes commencèrent à monter le long des deux grands mâts. Enfin, l'on pu voir la forme définitive que l'ensemble donnait. Un grand chapiteau ouvert d'environ un mètre à son sommet. Déjà, les femmes accrochaient la toile au sol et ajoutaient des grandes tentures drapées sur le côtés pour garder un peu plus de chaleur.
Pour la chaleur, un grand feu fut allumé au centre afin de déjà chauffer l'endroit. La nuit tombait vite...

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Pendant ce temps, les hommes installaient tables et chaises. Ils montèrent une petite estrade pour d'éventuels bouffonneries ou discours.
Les tables étaient installées en rond autour du feu. Une seule table était montée sur une petite estrade afin que la Duchesse et ceux qu'elle convierait à sa table soient bien vus de tous. Sinon, aucune distinction entre le peuple et les nobles n'était perceptible. La Duchesse désirait surtout que tout le monde se mélange et se parle, dans un certain respect certes, mais sans prétention aucune.
A l'extérieur du chapiteau, on installait un peu partout des feux sur lesquels ont mis déjà cuire des cochons sauvages qui nécessitaient quelques heures de cuisson. Quelques femmes étaient attitrées à la préparation de la nourriture sous la houlette de Madeleine. Elle était gouvernante au Domaine de Laurenan et avait été « prêtée » pour l'occasion.

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Un chariot bien gardé attendait près de l'entrée arrière du chapiteau. Des hommes étaient entrain de le décharger sous les yeux attentifs de plusieurs soldats. Minas, un tavernier de Saint Brieuc, surveillait le déchargement. Il avait répondu présent à la demande de la Duchesse pour s'occuper de tout ce qui touchait aux boissons. Et, principalement, faut-il le préciser, au chouchen.

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Les tonneaux étaient empilés a l'abri de la chaleur. Le chouchen devait être servi frais! Mais comme ces tonneaux attiraient la convoitise, les soldats resteraient là jusqu'à la fin... Bien idiot celui qui tenterait de s'en approcher.

Alors que Madeleine organisait la cuisson des cochons sauvages, elle envoya les petites jeune préparer des pommes. Elles les mettraient à cuire sous le feu en cours de soirée. Une petite douceur. Parallèlement, d'autres femmes s'occupaient des légumes en ville. Il leur était plus facile de le faire là-bas qu'ici.

Plusieurs heures passèrent et les chadrons plein de victuailles arrivèrent

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L'odeur qui en émanait donnait l'eau à la bouche. Le tout fut déposé sur des feux lents afin de garder au chaud le temps que tout le monde soit arrivé. Il ne manquait plus que la duchesse et ses invités.

--Ignace a écrit:: La duchesse avait été servie en premier ainsi que les personnes qu'elle avait conviées à sa table. Les tables suivantes, nobles comme gens du peuple, avaient été invitées à aller se servir directement. Tout le monde était à peu près servi et entrain de manger qu'un homme fit son apparition.

Il paraissait richement vêtu mais si l'on y regardait de plus près, ce n'était qu'apparat. Les tissus n'étaient pas fins et les bijoux de pacotille. Il n'empêche que l'homme en imposait. Les enfants présents avaient arrêté de manger et le regardaient avancer sans peur aucune vers le feu. Arrivé devant, d'un geste magistral, il écarta sa longue cape, piocha une sorte de poudre dans un petit sac présent à sa taille, et la lança dans le feu. Effet immédiat, les flammes grossirent et prirent une teinte bleue. Des petits cris se firent entendre un peu partout dans la chapiteau.

Souriant mystérieusement, l'homme prit la parole.

- Gentes Dames! Grands Messires! Chers Enfants! Et surtout!!!! Surtout!! Noble et Belle Duchesse De Bretagne! Je me présente à vous! Mon nom est Ignace. Nul ne sait d'où je viens. Nul ne sait où je vais! Mais ce soir!!! Oui! Ce soir, je suis chez vous. Mais je ne suis pas venu seul... Subitemment, les torches parurent perdre de leur luminosité. En effet, plusieurs enfants étaient entrain de les éteindre doucement, mais personne ne s'en rendit compte, la magie commençait à opérer... Dames et Messires, veuillez ne pas crier! L'homme qui va entrer va vous présenter mon ami Ben. Mais mon ami est un peu spécial... Ignace baissa le ton, il est grand, très poilu, il a des grandes dents! Montant un peu le ton: Voici mon ami Ben!!! Un homme trapu entra alors dans le chapiteau, traînant derrière lui un ours brun. La bête était certes grande mais pas énorme. Elle était attachée avec une chaîne à son dompteur. Quoique s'il lui prenait l'envie de fuir, le poids de son dompteur ne l'en empêcherait probablement pas! Le dompteur amena Ben au centre du chapiteau puis lui fit faire quelques tours. Il le laissa jouer avec un morceau de chiffon, lui déposa une balle sur le nez avant de se diriger vers la table de la duchesse avec un bouquet de fleurs entre les dents.

- Ben désire offrir à la plus belle Dame de Bretagne ce petit présent! Allez-y Duchesse, il ne mord pas! Le dompteur encouragea la duchesse du regard. Ils avaient l'habitude que les gens aient peur mais ils savaient que Ben n'aurait fait de mal à personne. Ce que le dompteur n'avait pas vu, c'était la côte de cochon sauvage qui traînait dans le plat devant la duchesse...

Merlinne a écrit:: Merlinne mangeait de bon coeur. Le stress de la journée, la préparation de tout cela, courrir après les troubadours qui avaient comme souvent disparus un matin, s'entretenir avec Madeleine pour la préparation du souper, tout ça l'avait mise sur les rotules. Elle avait quelque peu l'estomac noué sachant que Guillaumetell n'était pas loin, mais elle mangea tout de même avec enthousiasme. Elle descendit aussi quelques chopes de Chouchen.

Et l'ours fut sur elles. Il tendait dans ses dents un bouquet de fleurs que Chacha prit avec audace. Tous pensaient que l'ours se retirerait après. Mais il avait l'air très intéressé par les côtes de cochon qui se trouvaient sur la table. Voyant que le dompteur n'arrivait pas à récupérer son ours, elle prit une côte et la déposa devant l'ours. Ce dernier ne se fit pas prier, il prit la côte dans un grognement et obéït enfin à son dompteur.

Dans le chapiteau, on entendit un soupir commun. Tout le monde avait retenu sa repsiration depuis l'entrée de la bête. Tranquillement, les 2 compères repartirent comme ils étaient venus. Et une fois dehors, Merlinne se mit à applaudir. Suivie par d'autres. Les discussions reprirent et tout le monde se rua sur le bar. Des émotions pareilles, ça donne soif!

--Ignace a écrit:: L'émotion de la venue et des péripéties de Ben était doucement retombée qu'Ignace refit son apparition. Cette fois-ci, il était suivit par un groupe de jeunes filles et de jeunes hommes habillés de façon très colorée. Un petit groupe de musiciens alla s'installer sur l'estrade prévue et commença à jouer un air un peu mélancolique. Des couples se formèrent parmi les jeunes gens. Ils se mirent tous à danser d'un ensemble parfait, leurs gestes et leurs visages reflétant parfaitement la musique.

Soudain, la musique changea. Elle se fit plus gaie et plus vivante. Les couples se mélangèrent. On pouvait maintenant voir la joie sur les visages. Quelques personnes commencèrent à taper des pieds au rythme de la musique. Bientôt, les accords se modifièrent et des musiques Bretonnes vinrent vibrer au cœur du chapiteau. Les danseurs invitèrent d'abord les enfants à les rejoindre puis les adultes. Certains se montrèrent réticents mais d'autres se joignirent avec plaisir aux étrangers.

- Dames et Messires, Venez! Il est temps pour vos jambes de se dégourdir et pour vos esprits d'oublier toute contrariété! La Danse! La danse vous fait oublier tout!

Ils dansèrent tous ensemble. La joie était au rendez vous. Tout le monde s'amusait ensemble, les clivages et autres désaccords s'étaient envolés, au moins pour la soirée...

Chacha2214 a écrit:: La duchesse respira mieux une fois l'ours parti...avec sa viande. Il valait mieux cela que son bras. Elle grimaça rien qu'y penser, elle secoua doucement la tête pour enlever cette vision de son esprit. Elle fit un signe à une serveuse afin de se faire servir à nouveau, c'est que la cérémonie ainsi que les émotions, cela creusait.

Une fois qu'elle l'eut servi, elle commença à grignotter, non sans remarquer un homme près d'elle, le secretaire épipospal lui semblait il, elle l'avait aperçu à la cérémonie...

Messire ?

La musique changea, déja des bretons dansaient la paix. La Duchesse souriait de voir autant d'entrain.

--Ignace a écrit:: Pendant que les ménestrels et les danseurs s'amusaient, Ignace fit rentrer les troubadours suivants. Les 3 hommes qui entrèrent étaient en tout point différents. L'un était tout en couleur, du jaune, du rouge, du vert. Le deuxième était tout en bruit! Des clochettes lui pendaient de partout. Sur son bonnet, le long de ses bras, au bout de ses doigts, sur ses chaussures, partout! Le troisième était sobrement habillé. Tout de gris vêtu, il avait le visage triste et le bonnet de nuit pendant.

Les trois hommes essayèrent de se mêler aux danseurs, mais, bizarrement, chaque fois qu'ils entraient dans le groupe que ces derniers formaient, ils se faisaient rejeter.
L'homme grelot faisait un bruit de tous les diables. Il ne pouvait pas bouger un orteil sans que ses clochettes n'émettent un bruit aigu. Il tenta alors de bouger au rythme de la musique mais cela donnait une cacophonie incroyable.

Ce qui faisait grimacer l'homme triste. Ce dernier, manifestement en manque de chance, tentait tant bien que mal d'entrer dans la farandole qui s'était formée. Malheureusement, il était repoussé de partout et tombait les quatre fers en l'air à chaque fois. Le pauvre en pleurait. L'homme canari essayait alors de le réconforter en lui faisant des grimaces mais cela n'amusait que les enfants présents. L'homme triste n'en était que plus triste.

Voir les malheurs de l'homme triste faisait oublier au gens leurs propres malheurs.
Écouter l'homme grelot donnait une impression d'irréalité.
Voir l'homme canari faire l'idiot et faire rire les enfants attendrissait.
Tout cela réunit donnait à la fête un aspect totalement surréaliste. Mais la joie était de mise. Tout le monde profitait un maximum de la fête que leur Duchesse leur offrait.

Barde Messages : 470 Date d'inscription : 13/10/2007

--Ignace a écrit:: Alors que les danses allaient bon train, que les troubadours faisaient rire l'assemblée, la soirée avançait. Ignace fit signe aux troubadours suivants de rentrer. Des hommes sur échasses entrèrent avec des quilles plein les mains. Ils étaient eux aussi habillé de couleurs chatoyantes. Un vrai régal pour les yeux.

Se positionnant à quatre endroits différents, ils commencèrent à jongler chacun de leur côté. Des « Oooh » et des « Aaah » ponctuant leurs prouesses. Ils avaient commencé à jongler avec 2 quilles pour finir par en avoir 6 en l'air. Ils jonglèrent sur place quelques instants puis se mirent en marche d'un parfait accord. Ils firent le tour du chapiteau, passant au dessus des enfants qui s'en donnaient à cœur joie.

Reprenant leur place initiale, ils arrêtèrent quelques instants. Déposant quelques quilles par terre, ils se firent face. Les musiciens comprirent le signal et modifièrent la musique. Elle devint douce et lente pendant que les quatre jongleurs commençaient à s'échanger des quilles entre eux. Tout d'abord, une par une, puis ils augmentèrent petit à petit le nombre de quilles jusqu'à ce qu'une vingtaine de quilles se retrouvent en l'air. C'était assez joli à voir.

Mais le meilleur était à venir... Discrètement, Ignace avait fait entrer un dernier homme. Celui-ci était habillé tout de cuir et tenait une torche et une outre en main. Le voyant se placer au centre des 4 hommes, les jongleurs récupérèrent les quilles et les échangèrent contre des cercles. Ils commencèrent à se les lancer mais un par un. 4 cercles tournoyaient maintenant au centre du chapiteau. L'homme en cuir prit alors une gorgée à l'outre, dirigea sa torche entre 2 hommes-échasses et cracha ce qu'il venait de boire. Une grande flamme se créa alors, enflammant le cercle qui passait par là.

Il répéta l'opération trois autres fois. Les jongleurs jouaient maintenant avec des cercles de feu. Une fois les 4 cercles allumés, le cracheur de feu fit quelques flammes de plus pour la galerie. Quand il eu vidé son outre, il salua la foule et se retira. Les cercles de feu quant à eux perdirent de leur flammes lentement, et une fois tout éteint, les échassiers se retirèrent. Ils donnèrent le signal de départ pour les danseurs qui sortirent tout en pirouette du chapiteau. Les musiciens restèrent sur l'estrade. Ils avaient encore une tâche à accomplir.

Quand le calme fut à peu près revenu. Les musiciens jouèrent quelques morceaux tout en douceur. La dernière partie du spectacle allait être jouée par une barde Bretonne. Dame Chiméra s'avança alors près du feu où on lui avait installé un grand fauteuil. Des bancs avaient été amenés tout autour où les enfants et les adultes s'installèrent en souriant. L'heure de l'histoire était venue...

Chimera a écrit:: Elle avait quitté fils et fiancé, salué amis et connaissances sur le court chemin vers le fauteuil qui avait été installé à son intention. Au passage, félicitations et remerciements aux troubadours ainsi qu'aux jongleurs, cracheur de feu, montreur d'ours qui, une fois leur prestation finie, savouraient quelques chopines bien méritées dans leur coin. L'organisation avait été menée de main de maître et les sourires, danses et bavardages animés des convives étaient le joyeux témoignage de la réussite du banquet.

Clin d'oeil à son amie de longue date alors qu'elle l'aperçut sur un fût près de l'entrée.
Tiens donc... vous ici... Tout se passe bien? Viens a l'intérieur te réchauffer, si tu restes ici tu seras bientôt frigorifiée une fois les effets de l'alcool dissipés.
Glissant son bras sous celui de la briochine, elle l'accompagna. Marquant une pause peu après être entrées, elle murmura:
C'est à moi...
Doux sourire, et elle la salua d'un signe de tête avant de s'approcher de l'endroit qu'on lui avait désigné plus tôt.

Un fauteuil près du feu... Déjà, plusieurs convives, sachant ce que cela signifiait, s'étaient installés sur les bancs et échangeaient leurs pronostics sur le sujet potentiel du conte de ce soir. Aucun moyen de savoir ce qu'il serait, car dans l'esprit même du conteur, le choix n'était pas arrêté...

Après avoir récupéré une chope pour se désaltérer, ledit conteur s'approcha donc et s'installa derrière son instrument, sur le bord du fauteuil. Elle posa une main sur la console de la harpe, traditionnel salut à sa compagne de toujours, alors que ses yeux scanaient l'assemblée. C'est cela qui déciderait... Cela, l'événement, l'atmosphère du moment, dont elle prenait la température avec attention.
Quelques jours seulement après la célébration de Samhain... oui...

Hochement de tête alors qu'elle observait la duchesse. Trouvé.

En honneur à Chacha, elle dirait ce conte pour célébrer le début de son règne, en faire ainsi une borne marquant le passage...
En honneur à son hencher, elle dirait ce conte de la même manière que lors de... cette fois-là... Un an presque jour pour jour après qu'il l'ait lui-même dit dans des circonstances similaires.
En l'honneur des ancêtres, elle dirait ce conte...

Profonde inspiration, puis elle pince quelques cordes en guise d'introduction. Peu après, sa voix s'élève:

Samhain… La fin de la saison chaude… La mort, la fin, le renouveau, le point culminant d’un cycle, d'un cycle d’un an.

Combat entre l’été et l’hiver dont l’issue est connue de tous. C’est la mort de l’été que l’on célèbre en gardant en nos cœurs la certitude qu’il reviendra. Mais surtout, surtout, nos disparus sont présents et avec eux les âmes de ceux qui périrent au combat... de ceux qui périrent à la bataille de Glenn Etin. Formidable bataille qui débuta précisément le soir de Samhain pour ne s’achever qu’un an plus tard...

Elle marqua une pause après cet appel, laissant ainsi le temps à qui le voudrait de se joindre, où simplement leur attention passagère, à la petite assistance.

Chimera a écrit:: Plusieurs s'étaient joints à la petite assemblé, certains s'accordaient encore quelques pas danse, réticents à voir une si fabuleuse soirée se terminer. Elle durerait encore, pour qui le souhaitait. A l'invitation de Chacha, elle reprit. Il serait toujours temps pour les retardataires de prendre le conte en route:

Le soir de Samhain, donc, Dagda, le roi des Tuatha dé Danaan, peuple ancestral de la verte Eirin, avait rendez vous à Glenn Etin. Glenn Etin, un endroit qu’il affectionnait tout particulièrement pour un rendez vous avec une jeune dame...
Il la trouva près d’un gué sur la rivière Unius, elle avait un pied sur chaque rive et ses cheveux étaient nattés en neuf tresses qui flottaient librement dans son dos. Ce soir là, Dadga partagea sa couche près du gué, à un endroit qui demeure connu sous le nom de Lit du Couple.

Elle se remémorait les mots tels qu'elle les avait prononcés... Bref silence, pour continuer ensuite:

Mais cette femme dont il est question était une femme hors du commun. Elle était, et est encore, la Morrigan, déesse guerrière, déesse des passions, l’incarnation de la souveraineté.
Morrigan avait prédit que les Fomoires, ennemis jurés du peuple de Dagda débarqueraient bientôt à MagScetne. Mais elle et Dagda s’étaient unis, et elle lui apporterait son aide.

Elle lui conseilla donc de rassembler ses guerriers au gué d’Unius où ils reçurent quelques gorgées d’hydromel, pour insuffler le courage dans leurs cœurs. La bataille faisait rage, mais malgré sa vaillance, l’armée d’Irlande peinait à faire face aux puissants Fomoires.

Morrigan intervint alors. Par un des subterfuges dont elle seule a le secret, elle se rendit a Scene et déchaîna sa colère sur Indech, le fils du roi des Fomoires qui se nommait Dé Domnann. La vie quitta le corps d’Indech, et avec elle s’échappa l’espoir et le courage des Fomoires. C’est ainsi que les Tuatha gagnèrent cette bataille, Morrigan à leurs côtés.

Elle s’interrompit à nouveau… Les dernières phrases… Silence à nouveau, mais une tension dans l'air qui n'annonce que des paroles à venir:

Ce gué dont on parle porte désormais deux noms… Lit du couple, symbole d’union, et Gué de la destruction, destruction d’un roi, destruction d’une armée. Fertilité et Destruction ne sont que les deux faces de la même pièce, l’une ne pouvant exister qu’en rapport a l’autre, tels l’été et l’hiver, telles la vie et la mort. Samhain est une occasion unique de voir les deux faces de la pièce a la fois. Breizh connaît les deux faces de cette pièce...

Chacun entendait un conte de sa propre façon. Jamais le sens n'était évident, toujours il convenait d'en sonder les profondeurs pour y découvrir... des merveilles éternellement variées, sur le monde et sur soi, différentes pour chaque individu... Ce soir l'occasion était particulière, et elle ne s'arrêta pas là... Relevant la tête, elle continua:

Puisse le règne qui s'annonce être une ère de fertilité, lui qui débute alors que les Fomoires sont vaincus et que le peuple de Dana, peuple de Breizh, est libre et en paix.

Puisse le règne qui s'annonce garder chaque jour le souvenir de ceux qui sont morts pour qu'il puisse être ce qu'il est, et qui veillent encore sur lui des rivages de Tir Na nOg. Qu'ils soient fiers de ce qu'ils verront lorsqu'ils nous retrouveront à Samhain, l'année prochaine...

Puisse le règne de qui s'annonce être le retour du printemps avant l'heure de Nature, qu'il soit le feu qui éclairera chaque foyer pendant les mois d'hiver, apportant à chaque breton chaleur et réconfort.

Elle prit en main le verre qu'elle avait posé près d'elle pour conter, le leva en se tournant vers Chacha et haussa la voix:

A Breizh, et à notre duchesse!

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